Proposition de traduction du testament de Sohier le Roux

 

Par André Franqueville à partir des traductions de Jean-Luc Sohier (plus littéraire) et de Joseph Laure (plus littérale).

J'ai préféré garder les noms de lieux tels qu'ils apparaissent dans le texte (Fervakum, Fontanas, etc.) leur identification n'étant pas toujours certaine, de même que la forme les noms de personnes : Walter et non Gauthier, etc. Les points d'interrogation signalent une autre traduction possible.

 

"Au nom de la Sainte et indivise Trinité. Amen.

Moi Sohier, dit le Roux (Rufus) de Vermandois, Châtelain d'Épehy, pour toujours, tant l'avenir que le présent.

 

Comme il n'est pas du pouvoir de l'homme de mourir ou de vivre et que la fragile condition humaine est une descente continue vers la disparition, et sachant aussi que l'aumône et la prière effacent le péché, non seulement des vivants, mais aussi des morts, voilà pourquoi ce que j'écris ici est l'ensemble de mes dernières volontés, que je veux faire connaître.

 

C'est pourquoi, en suppliant le Dieu suprême pour les péchés, de tout coeur et avec contrition, je lègue en aumône perpétuelle à l'église dans laquelle mon corps sera inhumé trois marcs d'argent, et deux marcs aux ministres de celle-ci. Je donne mes cinq propriétés près de Fervakum à l'église de Saint-Quentin parce que beaucoup de mes ancêtres y reposent, et tout récemment mon très cher père Eudes, avec ma mère très aimée Avida.

 

Je donne à la cathédrale de Cambrai une grande maison (une ferme ?) près de Fontanas, avec les serfs et les servantes, - à l'exception de Oitebert que je veux affranchir - parce que c'est là que repose mon fils le doyen Theobald ainsi que mon épouse Adèle, fille de Hugues de Mauvoisin.

 

Au frères de la Sainte-Croix, récemment fondés et dotés par mon frère Ellebaud (dit Le Rouge), je donne et cède l'alleu sous ma juridiction près de Kesteniers, et ce que je possède par héritage, près de Buicieriae.

 

À l'église Saint-Pierre de la même ville, je donne une grande maison (une ferme ?) avec une propriété aux environs d'Avesnae oberti.

 

À l'église de Perona, je donne une une grande maison (une ferme ?) près de Meulanum, avec deux serfs et une servante.

 

À l'église et aux pauvres d'Épehy un marc et trois onces d'argent chaque année.

 

Or, parce qu'il ne suffit pas au chef de famille de distribuer à l'Église ses biens terrestres pour mériter ceux du ciel, mais qu'il lui incombe aussi de donner et conserver la paix de sa maison, pour que Dieu ne soit pas offensé par des disputes et que la bonne entente entre frères ne soit pas rompue, voici pourquoi avant ma mort, moi Sohier, j'ai voulu répartir entre mes fils tous les biens dont Dieu m'a comblé.

 

En premier lieu, je donne comme part d'héritage à mon fils aîné Almaric, dit le Roux, ma châtellenie d'Épehy, dans le Vermandois. De même ma terre en Artois. De même les terres de Liramonte, Dalovan, Markonvilla, Berticurte et Huchijs, dans le même Vermandois. Je donne à ce même Almaric mon plus grand collier d'or, incrusté de pierres précieuses, marqué du blason de mes ancêtres les comtes de Vermandois.

 

Ensuite, je donne comme héritage à mon second fils Hugues, dit Sohier, mes terres de Herijs, Berelgeijs, de Irio, Seregno, Malicurte, Cuignicurte, Salicimonte, Tilieto et Hainicurte, tant en Cambrésis qu'en Artois. De même le cinquième de mes terres de Choques, sur la part d'Almaric, dans le dit Artois. De même, au dit Hugues, mon autre grand collier, avec pierres précieuses décoré d'une étoile de Parme, qui a été passée à mon cou solennellement par notre roi très auguste Philippe, en souvenir de quoi ce roi a voulu que moi-même et mes héritiers nous utilisions désormais en public comme blason familial uniquement cette étoile.

 

En outre, à l'épouse d'Almaric dénommée Ada, fille du Châtelain de Cambrai, et à celle d'Hugues, Lucie, fille de Gascon de Thorote, je donne les anneaux, bracelets, boucles d'oreille, bagues et tous les bijoux ornés d'or et de pierres précieuses dont en son temps se paraît mon épouse Adèle.

 

De même, à Baudoin, fils du dit Almaric, je donne un collier d'or pesant deux livres, serti de pierres précieuses et orné du blason des comtes de Vermandois.

 

De même, à Walter, fils aîné du dit Hugues, un collier d'or pesant lui aussi deux livres, ou à peu près, donné par Hugues Capet, roi des Gaules, à mon arrière-grand-père Othon.

 

De même, à Ada de Cambrai, épouse du dit Walter, je donne une paire de bracelets que m'avait donnés ma grand-mère Alide.

 

De même, à Thiobald, frère de Walter, je donne l'épée de mon grand-père Herbert, qui m'a été donnée par mon parrain Pierre, dit Sohier, le plus jeune frère du Comte de Vermandois.

 

De même, je donne mon autre épée à Jean de Saint-Simon, fils de mon frère Eudes surnommé Farin.

 

De même, je donne à l'épouse du dit Thiobald, Ide, fille d'Hugues d'Aubeugni, dit Havetus, une paire de petits bracelets.

 

Quant à mes hommes d'armes et mes serviteurs, j'assigne par un codicille suffisamment de fonds pour qu'ils soient convenablement payés ainsi que pour rembourser mes dettes.

 

J'ai ordonné que ces dernières volontés qui sont les miennes soient attestées par la ferme apposition de mon sceau public, et que cela soit validé par l'autorité de témoins compétents.

 

Réverendissime Gérard, Évêque de Cambrai, mon beau-frère,

Alard, Archidiacre

Hugues, Comte de Vermandois

Anselme de Ribaumonte,

Walter de Castellani

Walter de Duacensis,

Hugues de Houdeng,

Walter de Peronna,

Manassis de Bethunia, qui sont de ma parenté,

Walter de Tonitru,

Razonus, Onulfus et Anselmus, chambellans de l'Évêque.

 

Acté à Cambrai, en l'an du Seigneur Mil quatre vingt, en la quatrième année de gouvernement du Seigneur Gérard (de dom Gérard ?), en la dix-huitième année du règne de l'auguste roi de France Philippe.

Revu par Aufridus, archichapelain."

André Franqueville. 2007.


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